VOULOIR obtenir de l’argent liquide aux guichets automatiques de Nairobi ? Ne vous laissez pas surprendre par les gardes armés de mitraillettes. Les distributeurs automatiques de billets attirent de nombreux agresseurs et pickpockets.
Il n’est donc pas surprenant que les transactions sans numéraire soient en plein essor à Nairobi et ailleurs en Afrique. Les organisations de microfinance ont été parmi les pionnières. Au Kenya, par exemple, ils ont commencé à utiliser M-PESA, le populaire service d’argent mobile, pour accorder des prêts aux petits entrepreneurs en 2008, peu après son lancement.
Musoni, une société de microfinance kenyane qui compte plus de 10 000 clients et plus de 6,3 millions de dollars de prêts depuis son lancement en mai 2010, pousse l’idée encore plus loin : afin de contourner les banques et de rendre la microfinance plus efficace, elle s’est totalement affranchie des espèces – une première mondiale, selon Cameron Goldie-Scot, directeur des opérations de la société.
Les transactions sans numéraire sont plus sûres : elles sont traçables et difficiles à détourner. Cependant, la combinaison de l’argent mobile et des banques traditionnelles entraîne des coûts supplémentaires. L’utilisation de services tels que M-PESA ne contribue pas non plus à améliorer les organisations de microfinance. La plupart d’entre eux bénéficient déjà de taux de remboursement élevés, de l’ordre de 97 % dans certains cas. Les gains d’efficacité nécessitent une approche plus radicale.
C’est pourquoi Musoni passe au tout numérique. Ses agents de crédit sont équipés d’ordinateurs tablettes et d’une application personnalisée pour collecter les données relatives aux demandeurs de crédit. Ils emportent leurs appareils sur le terrain, par exemple pour vérifier auprès des propriétaires de toilettes portables à Mukuru, un bidonville de Nairobi. Ces derniers font payer aux voisins l’utilisation des toilettes et vendent les déchets collectés à Sanergy, un partenaire de Musoni, qui les convertit en engrais et en électricité.
Les agents de crédit évaluent le nombre de personnes vivant à proximité des toilettes afin de calculer les revenus futurs de l’entreprise. Ils s’entretiennent également avec les emprunteurs potentiels. Toutes les données sont stockées dans leurs tablettes et sur les serveurs de Musoni. Et si les employés de l’entreprise approuvent un prêt, celui-ci sera envoyé par message texte, sous forme de crédit sur le compte M-PESA du demandeur.
De plus, grâce à la connexion sans fil des tablettes, les agents de crédit peuvent consulter l’historique des paiements d’un emprunteur sur place, par exemple lors des réunions de groupe hebdomadaires avec d’autres emprunteurs. Les agents de crédit peuvent activer des rappels de paiement automatiques, des messages de vœux pour les fêtes et des messages marketing. Tout cela leur permet de cultiver des relations avec un plus grand nombre d’emprunteurs qu’ils ne pourraient le faire autrement.
De nombreuses autres institutions de microfinance souhaiteraient également passer au système sans numéraire, mais elles ne disposent pas de la technologie nécessaire, déclare M. Goldie-Scot. Musoni proposera donc bientôt à d’autres organisations de microfinance d’acquérir une licence d’utilisation de son système, moyennant une redevance. S’il est adopté, il contribuera à réduire le coût du crédit pour une grande partie des 2,5 milliards de pauvres non bancarisés dans le monde, explique M. Goldie-Scot.
Pour les voleurs à la tire, en revanche, ce serait une mauvaise nouvelle. Pour certains d’entre eux, l’argent liquide est déjà démodé. Ils s’attaquent maintenant aux téléphones portables. Dans un bar bondé, ce correspondant a repoussé les doigts indiscrets de la poche contenant son précieux téléphone portable. Dans la cohue, le téléphone d’un compagnon a hélas été volé. Dans une autre poche, le portefeuille de votre correspondant est resté intact.
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